Le Tonneau des Danaïdes
Spleen....
Est-ce le nom de cette tristesse diffuse et insondable, ce sentiment de vide, cette solitude infinie?
Cette perte de joie inexplicable que l'on peut ressentir après l'intensité bouleversante d'un moment exaltant, ce gouffre sur lequel on se penche dès le rideau tombé sur nos plus belles victoires.
Au fond de ce gouffre, un lac glacé qui nous renvoie l'image de la solitude éperdue de celui qui a perdu ses compagnons, tel l'animal isolé , abandonné , séparé, exclu...
Le besoin de rester au creux du groupe d'amis après la fête.
Le froid qui saisit l'âme, quand les âmes amies manquent à l'appel.
La main qui se tend et que seule l'absence saisit.
La voix qui appelle dans un silence sourd.
Toutes ces fins qui résonnent après le dernier mot du livre, après la dernière note du concert, après le dernier tableau décroché, après le dernier tour de piste. Ces fins qui donnent l'heure sombre du vide et égrènent sans pitié chaque minute du désarroi de ce néant géant.
Quand on a trop donné et que pourtant il faudrait pouvoir donner encore.
Se donner peut-être à soi-même du temps et de l'amour, assez pour reconstruire cet escalier qui monte vers les autres et que l'on redescend à chaque fois au risque de tomber dans cette solitude étrange , dans cette condition humaine où le coeur bat trop fort avec pour seul écho, celui d'un abandon.
Quand on voudrait tant recevoir, et qu'il n'y a personne.