Rantanplan promu Roi Mage devint par la suite un fabuleux tuteur sous le nom de Ranpianpian

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Le chien Rantanplan, promu Roi Mage, attendait la naissance de l'enfant couché devant la porte de la chambre. En fait il n'y avait pas encore de porte, seulement un drap cloué qui en faisait office. De là il avait un oeil sur le chat Léo couché au pied du lit.

Et d'ailleurs, un peu plus tard,c'est le chat a eu la primeur du premier mot du bébé: "maou-maou". Mais Rantanplan ne s'en est pas formalisé car il adorait aussi son maou, et il comprenait bien que " Rantanplan" ce n'était pas facile à prononcer. Pour le bébé il est devenu "Ranpianpian" et un éducateur très compétent.

Quand l'enfant a commencé a marcher il lui a appris ...à lever la patte. Il lui avait plus tôt montré comment laper l'eau et manger dans une gamelle. Puis lui a enseigné les lois de la gravité. Quand son élève daignait prendre un repas à table et s'empressait de laisser tomber ce qu'il jugeait bon de partager avec lui, c'est à dire tout, Rantanplan lui signifiait que la pesanteur était en vérité une loi fort judicieuse. Allant jusqu'à démontrer que rien ne se perd et tout se transforme.

Diverses leçons furent ainsi enseignées pour la plus grande joie de l'élève qui par la suite s'est étonné du manque de pédagogie dont ont fait preuve les maîtres qui se sont succédés.

Ce premier maître a en effet enseigné avec un égal succès comment faire un trou dans la pelouse de trèfles odorants et s'y coucher. Comment se rouler dans la boue. Comment repérer un serpent ou un lézard dans un tas de bois.

Comment se gratter, ça c'était un peu difficile. Surtout par mauvais temps du fait des chaussures!

Comment courir après la "sobylette" du Grand Frère ou encore faire un tour en brouette .

Comment savoir qu'il était temps d'aller à la rencontre du Grand Frère de retour du collège.

Une des dernières leçons de ce grand précepteur a été héroïque. Lors d'une promenade, Rantanplan tenu en laisse et l'enfant par la main, nous avons croisé un abruti qui promenait son Doberman depuis sa voiture. Et qui n'a pas pu retenir son chien qui s'est précipité sur nous avec des intentions belliqueuses. J'ai lâché la laisse pour prendre l'enfant dans mes bras et Rantanplan s'est précipité pour stopper le chien fou en se couchant sur le dos devant lui. C'était un bagarreur mais ce jour là il a choisi la sagesse, ce qui a calmé son adversaire.

Seulement son coeur de chien déjà agé en a subi le contre -coup et il nous l'a fait comprendre peu de temps après. Simplement en allant faire ses adieux à chacun, tour à tour et avec un comportement inhabituel. J'ai mis les mots sur cet au-revoir, et l'ai conduit chez le vétérinaire qui a confirmé.

Rantanplan était heureux d'avoir été compris, lui qui manifestait toujours une grande fierté d'aller chez le médecin, a cette fois encore montré sa joie avec exubérance en trottinant partout comme un jeune chien fou.

Le lendemain il est tombé, mort, sans faire de bruit, à coté de son ami, qui pour la dernière fois au terme de ces deux années de complicité, s'est allongé près de lui, pour cette ultime leçon de vie.

Ainsi j'ai moi aussi appris cette chose importante, à savoir que les animaux ont une façon subtile mais néanmoins toujours très claire de nous prévenir de leur départ, ou même d'une prochaine maladie. En les observant j'ai compris que leur amour est si grand qu'ils s'inquiètent de savoir comment on va se débrouiller sans eux. Alors le chagrin en est un peu apprivoisé, et leur dignité est telle qu'elle mérite que l'on fasse un effort.

Et cet effort de communication, de compréhension est encore une leçon de vie à partager. Ils meurent fiers de nous nos animaux quand nous dépassons le chagrin égoïste qui trop souvent nous empêche d'aimer aussi "grand" , aussi pleinement qu'eux en sont capables.